Ruth
L'algorithme Instagram, c'est (en partie) NOUS
Depuis que j'ai lancé mon podcast, j'utilise Instagram de façon intensive pour promouvoir mon travail. Et cette plateforme me fascine littéralement. Parce qu'elle donne à voir toutes les nuances des comportements humains et que pour moi, elle a été un accélérateur de développement personnel.

Et puis, les rouages derrière cette grosse machine m'intriguent énormément. J'avais regardé le documentaire Netflix sur les réseaux sociaux avec une fascination teintée d'horreur.

Si vous êtes aussi sur Instagram, vous avez dû voir passer (depuis septembre) des publications annonçant que "l'algorithme avait changé".
Effectivement, l'algorithme a changé et mène la vie dure aux créatrices et créateurs de contenu en faisant baisser la visibilité de tous.
Et je l'ai moi-même remarqué en tant que consommatrice de contenu.
Avant août/septembre, quand j'ouvrais Instagram, les posts m'apparaissaient par ordre de récence (du plus frais au plus ancien).
Après septembre, les posts qui m'apparaissaient en premier étaient ceux des comptes avec qui j'avais interagi par message privé, dont j'avais partagé le contenu, que j'avais activement recherché ou bien à qui j'avais laissé des likes et des commentaires.
A force de voir cette phrase "l'algorithme a changé", elle a fini par vraiment m'interpeller et j'ai eu envie de comprendre. Un peu comme si on était tous prisonniers d'une force invisible, vaguement maléfique et qu'on ne contrôlait rien.
Mais au fait, c'est quoi un algorithme ?
J'ai trouvé la réponse qui me parlait le plus dans cet article de la revue Interstices
Un algorithme, très simplement, c’est une méthode. Une façon systématique de procéder pour faire quelque chose : trier des objets, situer des villes sur une carte, multiplier deux nombres, extraire une racine carrée, chercher un mot dans le dictionnaire…
Ok... Donc un algorithme, c'est simplement un calcul, une méthode. Pas une force invisible et maléfique (quoi que... wink wink) qui oeuvre contre les créateurs de contenu.
Mais allons plus loin... l'algorithme Instagram à proprement parler, comment fonctionne-t-il et pourquoi s'est-il durci de cette façon ?
Officiellement, Instagram a changé son algorithme pour nous montrer en priorité du contenu que nous aimons et nous rapprocher de nos amis et de notre famille (soit les personnes avec qui nous interagissons le plus). Quelle bonté d'âme hein ?
La contrepartie, c'est donc que si l'on interagit moins avec un compte on le voit moins, voire plus du tout.
Pour les créatrices et créateurs de contenu, cette "bonté d'âme" d'Instagram se traduit de la façon suivante: L'algorithme montre notre publication à 10% de nos abonnés. Plus ces 10% réagissent, plus le contenu est mis en avant dans les feeds. Moins il y a de réactions, plus on tombe aux oubliettes.
Traduction, si un de nos abonnés passe devant notre publication sans lui accorder d'intérêt, l'algorithme déduit que cette publication n'est pas digne d'intérêt et va montrer nos publications à de moins en moins de monde.
Et cette fameuse bonté d'âme n'en est pas vraiment une puisque la meilleure façon de gagner en visibilité, c'est de... PAYER ! Autrement dit, de faire des campagnes de publicité payées de nos propres deniers qui assurent à nos publications une portée bien plus large.
Une autre façon de gagner en visibilité est que notre communauté partage nos publications. Mais seulement voilà, si ladite communauté ne nous voit plus... Comment peut-elle partager ?
Personnellement, j'ai aussi constaté aussi une tendance à la baisse de la portée de mes posts après que j'ai posté du contenu un tant soit peu engagé.
En gros...
"Tu as parlé de sexisme, vilaine fille ?" -> -10 points !
"Tu as parlé de racisme ?" -> - 100 points
"Tu as osé parler des violences policières sur les migrants ?" - 1000 points, file dans ta chambre pendant 3 jours et qu'on ne te voie plus !
Et vraiment, on ne voit plus. Littéralement. Suite à ce type de partages, il arrive que mon nombre de vues en stories soit divisé par 3.
Petit aparté sur le fameux biais raciste des réseaux sociaux d'ailleurs... Est-ce vraiment du racisme ou bien du raisonnement capitaliste poussé à l'extrême ?
L'algorithme a moins intérêt à mettre en avant un compte comme le mien, orienté empowerment au féminin (plutôt feel good) mais tenu par une femme noire qui, a tout moment peut sortir de sa ligne éditoriale pour faire un épisode qui traite de racisme ou bien un post sur les personnes migrantes malmenées par la police à Paris.
Je ne pense pas que ce genre de contenu fasse vendre. C'est un contenu qui au pire dérange (et va potentiellement pousser à sortir de l'application) ou au mieux fait réfléchir (et risque d'altérer l'état de léthargie relative dans lequel on est sur Instagram). Autant de comportements qui vont faire qu'on sera moins exposés ou réceptifs aux publicités qui défilent entre 2 publications. Sans compter que ce n'est pas un contenu qui se partage si facilement que cela. Aparté terminé ;-)
Toujours est-il qu'il est possible de contourner cet algorithme. Puisqu'après tout, cet algorithme est basé sur ... NOUS !
Sur nos comportements qu'il tente de nous faire reproduire pour que nous passions un maximum de temps sur l'application.
Personnellement, une fois que j'ai compris ce fonctionnement d'Instagram, j'ai mis en place une politique de "likes" assez intensive, presque pour le principe.
Et si je ne suis pas d'accord ou que j'ai envie d'ajouter quelque chose, je vais commenter.
Et si je m'aperçois que (plusieurs fois de suite) je n'arrive ni à liker ni à commenter parce que je suis en désaccord profond avec ce qui m'est présenté, je me désabonne.
Et lorsque je m'aperçois que je ne vois plus le contenu d'une personne avec qui j'échangeais beaucoup, il m'arrive aussi d'aller faire un tour sur son compte. Et souvent, je retrouve plusieurs posts qui n'étaient pas apparus dans mon feed.
Mais je considère que le contenu que je consomme est de ma responsabilité. Pas de celle d'une suite de calculs.
Et faire ces choses est pour moi une façon de reprendre le contrôle sur ce que je vois et m'assurer que je garde une réelle ouverture et diversité dans mon feed.
C'est aussi une façon d'encourager les efforts de personnes dont je sais qu'elles ont passé du temps à produire un contenu, souvent, sans être payées pour ce travail.
Il est vital de prendre conscience collectivement que notre consommation de contenus créés par des personnes a de réelles implications.
Notre engagement, notre attention, nos likes sont un POUVOIR.
Quand on like un post, ce n'est pas anodin. On donne de la force (de façon très littérale) au travail de quelqu'un qui en vit peut-être ou bien qui a passé des heures à le produire gratuitement.
Quand on partage un contenu, on offre de la visibilité, de la publicité à quelqu'un.
Et on n'a pas besoin d'avoir des centaines d'abonnés pour que cela ait un impact.
Je répète donc ce que ces publications liées à l'algorithme relayaient...
Si vous me suivez sur Instagram et que vous souhaitez continuer à voir ce que j'y propose, il est incontournable d'interagir avec le contenu que j'y propose et cela passe par :
