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Aminata - "On m'appelait super woman"

Dernière mise à jour : 20 déc. 2021

Je m'appelle Aminata, j'ai 42 ans, je suis mariée, j'ai 3 fils de 9, 12 et 15 ans. Je suis française d’origine malienne.


Je suis une fille.


Mes parents sont décédé.es il y a deux ans pour ma mère et il y a 8 ans pour mon père.

Cela laisse un vide infini : la permanence de la mort est la chose qui est la plus horrible a accepter. Leur décès respectif m'ont aussi appris à vivre les choses différemment, avec plus d'intensité ou de légèreté en fonction de ce que la vie me présente. Cela ressemble à une évidence, mais nous ne vivons pas les deuils de la même façon. J'ai bien sûr beaucoup pleuré, je pleure encore parfois en entendant une musique qui me fait penser à eux, à l'approche de mon anniversaire (je n'entendrais plus leurs voix me chanter joyeux anniversaire) ou des leurs.


Je suis une sœur aussi.


j'ai un grand frère (5 ans de plus que moi) et une sœur de 18 mois plus jeune que moi. J'ai longtemps été dans une relation fusionnelle avec ma sœur et mon frère, me tordant le ventre en espérant qu'il ne leur arrive rien ou en étant disponible pour eux en oubliant parfois que ma vie était aussi importante que la leur. Nos parents nous avaient élevés comme cela : être là les un.es pour les autres. Nous sommes désormais dans une relation plus équilibrée : cela ne s'est pas fait sans douleurs, mais nous sommes chacun.es à nos places.


Je suis podcasteuse.


C'est une balle toute nouvelle que j'ai rajouté à ma vie. La nouveauté, c'est que j'ai un micro et que je prends du temps pour diffuser mes épisodes. Pour de vrai la podcasteuse que je suis est le prolongement de la femme que j'étais. J'ai toujours aimé parler avec des gens au parcours différents, comprendre les coulisses des vies des un.es et des autres afin de vérifier un pressentiment : la plupart d'entre nous avons besoin de nous raconter et nous sommes nombreuses et nombreux à avoir besoins d'ouvrir le champs des possibles en nous nourrissant de l’expérience d’autres êtres humain.es.


Je suis multi-passionnée...


Cela peut me faire passer pour une extraterrestre auprès de certaines personnes. Avant je ne l'assumais pas et je pouvais parfois me demander si cela faisait de moi une femme hyperactive (ce qui est négatif dans la tête de beaucoup de personnes). Qui dit hyperactivité dit un peu partout et beaucoup nulle part . On m'interrogeait (encore aujourd'hui) d'ailleurs souvent sur la façon dont ma famille (mari et enfants) pouvait supporter cela. Je répondais, j'expliquais, je me sentais jugée. Désormais j'explique, car je pense que donner à voir mon fonctionnement peut décomplexer des femmes qui pourraient s'interdire d’être elle même, car elle sont femme, épouse, mère, adulte... Je ne donne de leçon à personne et chacun.e peut vivre sa vie comme iel l'entend. Je suis devenue exigeante sur ce point là : que personne ne cherche à faire de moi ce que je ne suis pas. Désormais je ne laisse plus personne me dicter ce que je devrais être.

On m'appelait super woman...


je l'ai crue pendant des années et j'ai bien fait semblant de l'être ..du coup je ne ne demandais jamais d'aide, j'étais toujours là quand on avait besoin de moi et je devançais même les besoins des autres. Cela valait dans ma sphère familiale d'origine, dans la famille que je me suis créée, dans ma sphère amicale et professionnelle. J'ai compris au fur et à mesure des années que j'avais besoin de me sentir indispensable.

Cela m'a rendue exigeante, je ne comprenais pas que les personnes ne soient pas plus reconnaissantes. Je ne comprenais pas que l'on mette du temps à me répondre, alors que moi je répondais aussitôt que l'on me posait une question. Je ne comprenais pas que mes proches puissent ne pas sentir quand j'allais mal, j'avais envie que l'on me devine comme je devinais les autres, je voulais que l'on ait du désir pour moi.


Pendant plusieurs années j'ai pensé que le simple fait d’être assistante sociale me rendait suffisamment aguerrie pour repérer mes zones de fragilités. Aussi je refusais tous les signaux qui me donnaient l'impression d'être faible. J'ai longtemps détesté ce mot d'ailleurs, je le comprenais et l'acceptais pour les autres, mais il était hors de question que je cohabite avec lui.


Puis j'ai compris que j'en faisais trop, que j'en demandais trop, que je pouvais faire peur. Mon tempérament donnait le sentiment aux autres que j'étais invincible. Je donnais l'impression de n'avoir besoin de personnes, donc on ne me demandait pas comment j'allais.

Mon corps en a eu assez avant mon cerveau, un jour mon estomac a décidé d'arrêter de digérer...cela a duré plusieurs années. J'étais en colère sans savoir pourquoi, contre qui.


J'ai cherché et trouvé comment aller mieux, comment m'autoriser à être moi même à mon travail, en tant que femme, en tant qu'épouse,en tant que mère, ...Une des choses que j'ai comprise et que la communication est très importante en toute circonstance que ce soit pour dire des choses simples ou plus compliquées : « je vais mal, je suis triste, je ne suis pas d'accord, j'ai besoin d'être seule.... ».


J'ai alors accepté de demander de l'aide.


J'ai trouvé un trio qui me convenait qui me permettait de travailler sur mon corps (Kinésiologue et ostéopathe) et sur mon cerveau (hypnothérapeute). Je digère de nouveau et je ne suis plus en colère au fond de moi.


Je suis globalement la même, mon amour pour les autres et pour la vie est toujours là, mais désormais je prends d'abord soin de moi. Je demande de l'aide quand j'en ai besoin (ami.es, famille, thérapeute..), je pleure quand j'en ai besoin. Une thérapeute m'a donné deux images qui m'ont beaucoup aidées pour cesser de me culpabiliser et à accepter d'être moi :

  • Dans un avion en cas de dépressurisation, si l'on voyage avec des enfants, il faut d'abord prendre de l'oxygène pour soi afin de pouvoir venir en aide des enfants. Si l'on fait l'inverse, les enfants seront peut être sauvé.es, mais ils n'auront jamais la force de nous porter pour sortir de l'avion.

  • Dans un verger on observe deux arbres qui bénéficient de la même terre, du même ensoleillement, pourtant un des deux arbres portent moins de fruits, il semble en pleine forme, mais il lui manque quelque chose. Si l'autre arbre décide de se délester de ses fruits pour ne pas faire de l'ombre à cet arbre moins en forme, l'autre arbre n'en sera pas plus beau pour autant.


Je m'appelle Aminata et je suis toutes et une à la fois : mes balles coexistent sans se gêner et quand je pense qu'elles vont de nouveau m'échapper j'appuie sur stop et je demande de l'aide.




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